
Quels travaux sont menés par FPInnovations pour assurer la sécurité des pompiers?
GB: FPInnovations a mené de nombreux projets qui ont un impact sur la sécurité des pompiers. Au cours des deux dernières décennies, nous avons effectué des recherches sur les casques de pompier, les vitesses de déplacement à pied et les zones de survie. Nous avons récemment terminé un projet de 5 ans dans lequel nous avons étudié la collecte et l’utilisation de données sur le gradient thermique adiabatique.
Qu’entend-on par zone de survie et gradient thermique adiabatique, et quelles sont les répercussions sur la sécurité des pompiers?

Pourriez-vous décrire le projet de FPInnovations sur les gradients thermiques?
GB: Nous avons étudié des méthodes de prises de données de température au-dessus d’une zone de feu de forêt, puis de transfert de ces données en temps quasi réel aux gestionnaires affectés aux incendies. Un meilleur portrait de la stabilité de l’atmosphère pourrait devenir un outil supplémentaire pour améliorer la sécurité des pompiers.
À l’aide d’un avion de lutte contre les incendies muni d’un capteur externe, nous avons recueilli des données pendant deux saisons d’incendies très actives. Après avoir comparé ces données à celles d’Environnement Canada pour s’assurer de leur exactitude, nous avons calculé les gradients thermiques adiabatiques et identifié quelques exemples de situations très instables et les avons reliés dans certains cas à des augmentations d’intensité du feu. Un autre produit développé dans ce projet était un capteur peu coûteux fabriqué à l’aide de composants facilement disponibles. Ce capteur, qui peut être utilisé pour collecter des données de gradient thermique, peut être fixé à un drone que le personnel au sol peut utiliser sur la ligne de feu. Une InfoNote que nous avons publiée fournit des informations détaillées afin que n’importe qui puisse construire le capteur, et elle documente le processus de transfert des données du véhicule vers un serveur, puis vers le personnel au sol afin que les services d’incendie puissent recueillir et utiliser les données pour améliorer la sécurité.
Vous avez aussi parlé de zones de survie. De quoi s’agit-il au juste?
GB: Les zones de survie permettent aux pompiers d’échapper à une situation potentiellement mortelle, de se replier et, tout simplement, de survivre. Il ne s’agit pas des zones de sécurité, qui sont de vastes secteurs dégagés de débris où les pompiers (et leur matériel) peuvent se rendre et se réfugier. Les zones de survie sont des ouvertures plus petites où le pompier sera probablement dans une situation inconfortable et « sentira la chaleur ». Cette recherche complémente le travail préalablement entrepris par notre équipe afin d’identifier les facteurs exerçant une influence sur la vitesse à laquelle les pompiers peuvent se déplacer le long des routes de secours pour se soustraire aux conditions dangereuses d’incendies forestiers.
Quel genre de travail a été effectué par FPInnovations sur les zones de survie?
GB: Nous avons établi des lignes directrices que les pompiers peuvent suivre lorsqu’ils doivent choisir et utiliser des zones de survie en dernier recours s’ils sont piégés dans un feu incontrôlé. Pour tester les zones de survie, nous avons d’abord identifié les conditions limites de survie des humains en fonction de l’exposition à la chaleur rayonnante. Nous avons allumé des feux expérimentaux à partir de broussailles et de combustible forestier, dans des ouvertures faites à la main ou naturelles, et établi trois parcelles d’essai dans un feu de forêt dans les Territoires du Nord-Ouest. Des capteurs de chaleur collectaient des données lorsque le feu se déplaçait vers, autour (ou à travers) et au-delà de ces ouvertures. Nous avons commencé avec des feux de broussailles, car de nombreux feux pouvaient être allumés rapidement pour développer nos méthodes de recherche, puis nous nous sommes tournés vers le bois debout et les arbustes et avons même inclus un feu sur une pente forte dans le parc national de Jasper.
Quels éléments déterminent une zone de survie appropriée?

Lorsque nous avons fait nos essais en pentes abruptes, nous avons constaté que des ouvertures encore plus grandes étaient nécessaires car les flammes penchent vers la pente et sont pas conséquent plus près du sol. En général, les feux de broussailles nécessitent des ouvertures moindres que les forêts d’épinettes noires (arbres de 10 mètres), qui à leur tour nécessitent des ouvertures plus petites que les forêts de pins (arbres de 15 mètres).
Il s’agit de lignes directrices prévues pour les pires hypothèses. Un facteur clé est le comportement humain. Être capable de rester calme, de se déplacer vers une zone de survie, puis de s’allonger sur le ventre sont essentiels. Bien sûr, la meilleure option serait d’avoir des prévisions précises du comportement du feu afin d’éviter de telles situations.
Nous étudions les zones de survie depuis plusieurs années et prévoyons terminer le projet cet été avec un dernier brûlage expérimental.
Pour plus d’informations, veuillez communiquer avec Greg Baxter, chercheur principal, Programme de recherche sur les incendies forestiers de FPInnovations.


