L’avenir du transport forestier : les VZE et les VFE pour réduire les émissions et les coûts

Compte tenu de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada et du besoin constant de diminuer les coûts de transport — résultant en partie des taxes sur le carbone —, recenser et mettre en œuvre des options viables pour passer aux véhicules zéro émission (VZE) et aux véhicules à faibles émissions (VFE) suscite de plus en plus d’intérêt dans l’industrie forestière en raison de leur consommation de carburant et de leurs émissions plus faibles. Le virage vers l’électrification d’autres industries et des marchés grand public se fait à un rythme rapide. C’est pourquoi FPInnovations a examiné l’état des technologies des VZE et des VFE ainsi que leur niveau de préparation pour le transport forestier.

Pourquoi des camions électriques?

Selon Environnement et Changement climatique Canada, le secteur canadien du transport est responsable de près du quart des émissions totales de GES au Canada. Dans les opérations forestières, le transport compte pour 35 à 45 % de l’ensemble de leurs émissions; l’électrification du transport en forêt représente donc l’une des principales mesures pour réduire les émissions de carbone dans ce secteur.

L’électrification (par des véhicules hybrides rechargeables et électriques à batterie) a gagné en popularité ces dernières années en raison de sa capacité à accélérer la réduction des émissions au Canada pour l’avenir. Un nombre croissant d’équipementiers et de nouvelles entreprises commencent à offrir et à développer davantage des solutions hybrides ou entièrement électriques.

L’électrification des véhicules a grandement progressé grâce aux technologies avancées en matière de batteries, à une diminution importante de leur prix et à des temps de charge réduits. Les mesures incitatives des gouvernements et le soutien offert pour que les flottes adoptent des véhicules zéro émission, avec des fonds provenant des taxes carbone, visent des initiatives de réduction des GES comme l’achat de véhicules propres ou l’établissement d’infrastructures pour les énergies propres. De plus, les gouvernements fédéral et provinciaux offrent actuellement divers programmes de réductions de taxes et de rabais.

Transport forestier : une tout autre histoire

En plus de réduire les émissions de carbone, l’électrification des gros camions forestiers pourrait fournir beaucoup d’autres avantages et possibilités aux entrepreneurs forestiers et entreprises forestières, par exemple :

  • Un démarrage et une tenue de route en pente améliorés grâce au couple instantané
  • Des coûts d’entretien réduits par le nombre plus faible de pièces mobiles et l’absence d’huile fluide
  • Une autonomie accrue et une efficacité énergétique améliorée grâce à l’énergie récupérée par le freinage régénérateur, en particulier dans les contreforts et les régions montagneuses

Ce sont tous des avantages qui pourraient se traduire en baisse de coûts totaux de propriété et d’exploitation, ainsi qu’en coûts d’énergie et d’entretien réduits, en remboursements de taxes plus élevés et autres mesures incitatives.

Et la cerise sur le gâteau? Un confort accru pour le conducteur, qui découle d’un fonctionnement moins bruyant et d’une conduite moins exigeante, deux facteurs qui contribueraient à attirer et à conserver du personnel.

L’adoption à grande échelle des véhicules électriques dans le secteur forestier a encore de nombreux obstacles à surmonter : autonomie limitée, manque d’infrastructures de recharge, coût d’achat élevé (estimé à trois fois le coût d’un camion conventionnel au diesel, sans tenir compte des rabais et mesures incitatives) et offre actuellement limitée pour ces types de véhicules.

De plus, les conditions difficiles en forêt, comme une topographie moins uniforme, les conditions de fonctionnement rigoureuses, les charges plus lourdes et l’absence d’accès à l’électricité le long des chemins de transport reculés repoussent l’échéancier pour la disponibilité de véhicules lourds électriques pour le secteur. Par exemple, les camions lourds électriques actuels et bientôt disponibles ont un poids maximal admissible de 36 tonnes (80 000 lb), comme poids nominal brut (PNB), ce qui inclut le poids du camion et du chargement, par rapport à une configuration courante en Ontario dont le poids nominal brut est de 57,5 tonnes.

Et ensuite?

Le déploiement à grande échelle de camions lourds électriques dans le secteur prendra plusieurs années, le temps que les technologies continuent de progresser et offrent une option viable.

Les possibilités à court terme en foresterie concernent le transport sur courtes distances à proximité des infrastructures existantes, qui peuvent servir à amorcer l’implantation. Dans les prochains mois, FPInnovations examinera l’électrification d’une flotte caractérisée par un cycle court utilisant une configuration avec tracteur semi-remorque dans la cour d’une usine.

hybrid trailer-truckPar ailleurs, FPInnovations s’affaire à mettre au point deux prototypes de semi-remorques hybrides pour la foresterie – une semi-remorque quad à billots ainsi qu’une semi-remorque tridem à biomasse – où l’un des essieux de la remorque est remplacé par un essieu moteur électrique. Ces véhicules hybrides électriques promettent un déploiement à court terme, de modestes réductions des émissions de GES et un prix raisonnable, d’ici à ce que la technologie d’électrification du transport forestier arrive à maturité.

Les véhicules zéro émission et à faibles émissions ont un avenir prometteur dans le transport forestier pour décarboniser le secteur tout en améliorant l’efficacité du transport. L’enthousiasme est grand dans le secteur forestier pour les technologies associées aux camions lourds électriques, mais il faut relever de nombreux défis avant que l’électrification soit viable.

Le recours à des technologies hybrides conformes aux exigences des opérations forestières en termes de puissance et d’autonomie constitue une étape intermédiaire vers les camions entièrement électriques. Nous verrons dans les prochaines années d’intéressants développements des technologies pour véhicules zéro émission et à faibles émissions.

Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec Mithun Shetty, chercheur principal – Transports et infrastructures, FPInnovations.

X