Dans le cycle du carbone, la biodégradation du bois rejette dans l’atmosphère le carbone consommé durant la croissance des arbres. Retarder ce rejet est l’une des façons, pour les produits du bois, de contribuer à séquestrer le carbone et à combattre les changements climatiques.
Le bois est principalement biodégradé par de la pourriture et des insectes, comme les termites, des agents de biodégradation qui, eux aussi, sont touchés par les changements climatiques.
Pourriture du bois
Les champignons qui causent la pourriture du bois sont présents presque partout au Canada. Leur croissance et leur consommation de bois non protégé sont largement influencées par l’humidité et la température, deux paramètres touchés par les changements climatiques. Pour une région donnée, le risque de pourriture est fortement influencé par la durée pendant laquelle le bois est suffisamment chaud et humide pour favoriser la croissance des champignons. La pourriture se développe au-dessus du point de congélation et du point de saturation des fibres, les conditions optimales variant entre 21 °C et 32 °C et entre 40 % et 80 % d’humidité. Le Code national du bâtiment du Canada exige qu’on utilise du bois traité selon la norme CAN/CSA-O80.1 dans les applications où il n’est pas protégé des précipitations, si l’indice d’humidité est supérieur à 1,00 et si la configuration est propice à la pourriture : poutres qui s’étendent au-delà du platelage de toit, jonctions entre des éléments de platelage ou raccords entre des garde-corps de balcons et des murs. Les changements climatiques vont influencer les indices d’humidité, ce qui fera augmenter ou diminuer le risque de pourriture selon les régions.
Le programme d’essais sur le terrain de FPInnovations, qui bénéficie du soutien financier de Ressources naturelles Canada, génère des données sur la performance à long terme des produits du bois durables. On cherche notamment à comprendre l’efficacité des diverses technologies de protection du bois. Mais les données fournissent aussi une référence pour comprendre les impacts d’un climat changeant sur la performance. Le rendement de produits du bois aux sites d’essais de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et du Québec est documenté depuis déjà plusieurs décennies. L’accès à long terme à ces sites permet d’évaluer les résultats dans des conditions climatiques changeantes. La performance démontrée à plusieurs sites d’essai garantit que les bois naturellement durables et les technologies de protection du bois produiront l’effet escompté dans les conditions climatiques futures.
Les données de performance sur le terrain de FPInnovations ont récemment été utilisées dans le cadre d’une initiative internationale pour modéliser la résistance à la pourriture de différentes essences de bois (https://www.mdpi.com/1999-4907/12/5/590). Des données de différents sites d’essai répartis dans le monde ont permis de déterminer la valeur des doses de résistance propres à chaque matériau, qui ont été corrélées avec les taux de pourriture. Des collaborateurs utilisent maintenant ces modèles pour développer des outils numériques afin d’aider les rédacteurs de devis à choisir la technologie de protection du bois convenant aux conditions d’exposition et à la durée de vie de leur projet (https://www.bregroup.com/services/research/clickdesign/?cn-reloaded=1).
Termites
Les termites souterrains qui attaquent les structures en bois sont principalement confinés au sud de l’Ontario et de la Colombie-Britannique. Leur expansion vers le nord est limitée par le froid, mais des températures plus douces pourraient leur permettre d’étendre leur aire de distribution au Canada. Le Code national du bâtiment du Canada exige qu’on utilise du bois traité selon les normes CAN/CSA O80.1 dans les zones où les termites représentent un risque, à moins qu’il y ait un dégagement de plus de 450 mm par rapport au sol et que le bois soit visible pour inspection. Les changements climatiques augmentent le risque que les termites étendent leur territoire et que leur activité s’accentue là où ils sont déjà présents.
On peut protéger les structures en bois des termites à l’aide de nombreuses méthodes : gestion des chantiers, appâtage, traitement des sols, détaillage de la dalle et de la fondation, barrières physiques et inspections. Dernière ligne de défense? Utiliser des produits du bois durables qui protègent contre les termites, comme le bois traité aux produits de préservation. Le site d’essai de FPInnovations à Kincardine, en Ontario, est dans une zone propice aux termites. Dans une étude récente sur des poteaux de bois, la pourriture et les termites ont rapidement mené à la défaillance de pièces de pin rouge non traitées, alors que les pièces traitées avec un produit de préservation ont résisté aux attaques (http://biblio.fpinnovations.lan/en/permalink/fpipub8472). À ce site, on peut mesurer l’efficacité des technologies de préservation du bois contre les termites, qui devraient prendre de l’importance pour le rendement des produits du bois à mesure que le risque posé par les termites s’accentue.
Des techniques de protection éprouvées qui fournissent une durée de vie longue et prévisible; voilà un outil majeur pour concrétiser les avantages de la séquestration du carbone dans les produits du bois.
Pour en savoir plus sur la protection du bois :